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Cédric Carrasso, interrogé par Sud Ouest, revient sur son expulsion et sur les lacunes défensives lors du match face à Toulouse. Il évoque aussi le manque de communication entre les joueurs :

Comment allez-vous ?
Répondre « ça va » est un peu vague pour moi actuellement (sourire). Disons que c’est un début de saison compliqué, un peu désorientant. Plein de facteurs me laissent sceptiques, c’était super-frustrant jusqu’en début de semaine où j’ai pu bien couper dans ma tête. Et aujourd’hui, je suis plus motivé que jamais.

Qu’est-ce qui vous a le plus dérangé ? L’état d’esprit, le manque d’implication ?
Surtout le scénario des rencontres. Contre Saint-Étienne (défaite 2-1 en ouverture du championnat, NDLR), tu as une part de maladresse et de malchance. À Lorient, tu fais ce qu’il faut mais encore par maladresse et avec un peu de réussite à la fin, tu fais un nul (1-1). À Toulouse (défaite 3-2 après avoir mené 2-0 à la mi-temps), c’est le plus flagrant : tu fais quelque chose de correct et tu donnes le bâton pour te faire battre en dix minutes en deuxième mi-temps…
Toutes ces variations d’état d’esprit, de concentration et d’attention m’ont fait peur. Jusqu’à Toulouse où je suis sorti vraiment agacé du terrain.

Votre expulsion était-elle révélatrice de ce ras-le-bol ?
Plus de l’ensemble du match que de l’action en elle-même. Quand tu es gardien et que tu penses avoir sorti les ballons qu’il fallait, que tu vois tes gars devant toi qui font le boulot, mettent les buts, défendent… Tu te dis, c’est parfait ! Dans le vestiaire à la mi-temps, le message, c’était : « Il y a juste à être pareils dans l’état d’esprit, l’implication et la détermination à dégager un ballon ».
Et quand je vois qu’au bout de dix minutes, on fait une faute complètement idiote (de Lamine Sané sur Braaten qui provoque le premier pénalty, NDLR), alors qu’il n’y a vraiment aucun intérêt à tacler par derrière dans une surface de réparation, et le manque d’agressivité pour sortir le ballon sur le deuxième but, je suis agacé. Après ces deux buts, je bouillonnais, bouillonnais, bouillonnais…

Que s’est-il passé sur l’action qui provoque le deuxième pénalty et votre expulsion ?
L’action est bizarre. Le ballon est dévié, je ne sais pas s’il est dedans ou pas, je pars dans l’idée de l’accompagner mais j’entends « prends-la » au dernier moment. J’ai le réflexe de toucher le ballon. Je vois arriver Tabanou qui me crochète, je mets le bras pour essayer de l’intercepter. À ce moment-là, toute la frustration du match ressort et me fait dire : « Non, il ne peut m’en mettre un troisième ! ». Après, Abdou (Keita qui le remplace) arrête le pénalty mais on perd à la dernière minute. Là, je voulais tout casser !

De votre poste, comment pouvez-vous influencer l’équipe ?
Moi, je ne peux pas faire 40 mètres en dehors de ma surface pour aller presser un type ou mettre un tacle. Mon rôle, c’est de faire des matchs comme contre Évian (0-0) où on n’est pas dedans, qu’on doit gagner mais qu’on peut perdre et qu’on ne perd pas. Je n’ai que ça à donner : ne pas prendre de but. Or, aujourd’hui, pour y arriver il faut : 1- Que je sois à un niveau très élevé. 2- Que j’ai 100 % de réussite. 3- Que mon équipe ne donne plus de but comme cela a été trop souvent le cas cette saison. 4-Que l’adversaire ne soit pas à son meilleur niveau. Il y a tellement de paramètres que cela me semble mission impossible…

Êtes-vous inquiet pour le maintien ?
Inquiet non, mais il faut y penser. En étant conscient qu’en continuant comme ça, il faudra se battre au moins jusqu’en décembre pour sortir de la charrette. Je reste persuadé qu’on a une équipe correcte, pour se battre pour les cinq premières places, voire créer la surprise une année sur deux. Après, la vérité est sur le terrain : aujourd’hui, elle est très loin de ce que j’aurais pu m’imaginer.

Vous avez déjà connu des moments personnels difficiles dans votre carrière (blessures au genou et au tendon d’Achille) mais ceux que vous vivez actuellement ne sont-ils pas les plus durs, collectivement ?
Je suis frustré parce que ça ne tourne pas comme j’en ai envie alors que je n’ai jamais été aussi bien préparé et en forme physiquement depuis cinq ans. Mais la saison dernière était beaucoup plus éprouvante, avec des problèmes entre les gens du staff. Cette année, heureusement, ceux qui sont arrivés (Francis Gillot et ses adjoints René Lobello et Alain Bénédet, NDLR) s’entendent bien, font le boulot l’un pour l’autre, et les joueurs travaillent bien.

N’attendiez-vous pas autre chose de votre carrière bordelaise ?
La première saison (2009-2010, NDLR), malgré une super Ligue des Champions et une première partie de championnat extraordinaire, les mecs se sont effondrés nerveusement et physiquement. Comme s’ils étouffaient, comme si un tout les avait fait craquer. Et je savais que la saison dernière serait de reconstruction.
Le seul point auquel je ne m’attendais pas, c’est tout con à dire mais ça m’a frappé ici, c’est le manque de communication avec le partenaire sur le terrain. Ce n’est pas normal : on peut ne pas être bien un jour mais ça n’empêche pas d’aiguiller le copain. On peut compenser pas mal de choses avec la parole. Mais depuis le début de la semaine, je sens une évolution.

C’est-à-dire ?
J’ai vu un changement. Dans tout. Des signes… Si j’en ai la confirmation samedi (ce soir), j’aurai une grosse boule au ventre, là depuis un bon moment, qui s’enlèvera. Je me languis vraiment de jouer ce match : que ce soit Montpellier, Évian, Lyon ou Marseille en face, j’en ai rien à cirer… Ce que je veux voir, c’est la réaction de mon équipe

via Sud Ouest

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