Intérogé par So Foot, Philippe Fargeon (bordelais de 1986 à 1988 et de 1990 à 1992) a livré ses impressions au sujet des « renards des surfaces ». Pour lui l’essentiel « c’est de la mettre au fond ». Voici ses propos : 

Le rôle d’attaquant a-t-il évolué depuis l’époque où vous jouiez ? 
Le rôle des attaquants d’appui a évolué, pas celui des finisseurs. Parce que dans une action de but, il faut toujours un finisseur. En France, on n’a jamais formé de vrais buteurs, on a formé des joueurs qui sont bons partout. On n’a jamais eu de formation spécifique pour les buteurs, donc à la limite, on peut dire qu’il a évolué quand on a fait venir de vrais buteurs de l’étranger ou des Français formés à l’étranger comme Jean-Pierre Papin ou moi-même (Philippe Fargeon a été formé en Suisse, à l’Étoile Carouge, ndlr). Pendant des années, les meilleurs buteurs du championnat de France étaient étrangers. C’est la preuve qu’il y avait un travail de fond qui n’était pas fait en France.

Les entraîneurs demandent de plus en plus aux attaquants de presser, défendre, déborder… C’est pour cela qu’il y a de moins en moins de véritables renards des surfaces ? 

Oui, c’est ce que je vous disais. Dans les centres de formation français, on a privilégié un certain temps d’avoir des joueurs bons partout plutôt que d’en avoir qui étaient uniquement bons devant le but et moins dans la construction du jeu. Donc on a peu de renards français. Le problème vient de là. Il y a vingt ans, on n’avait pas de bons gardiens, on a mis des entraîneurs spécifiques et maintenant on a les meilleurs gardiens au monde.

 Les équipes jouent également de plus en plus avec un seul attaquant axial, ce qui ne favorise pas les renards… 

C’est vrai que cela peut pénaliser. Regardez Bordeaux cette saison, ils avaient commencé avec deux attaquants dont un qui tournait autour de l’autre (Modeste et Gouffran, ndlr), et puis maintenant ils évoluent avec une seule pointe (Diabaté, ndlr) à laquelle ils ne demandent pas de jouer dos au but en gardant le ballon mais plutôt d’être présente dans la surface. Grâce à ce changement de tactique, Cheick Diabaté a marqué quatre buts lors des derniers matchs. Mais c’est un système de jeu qui ne fonctionne que si vous possédez un attaquant qui n’a besoin que de deux occasions pour en mettre une au fond.

 D’un point de vue strictement technique, l’évolution des ballons favorise-t-elle les attaquants ? 

Je ne sais pas, parce que les ballons ont toujours évolué. Les ballons n’étaient déjà plus les mêmes au début et à la fin de ma carrière. C’est gênant pour tout le monde, mais le rôle d’un buteur, d’un chasseur de surface, c’est de se positionner en fonction des appels, des trajectoires de balle. Plus que le ballon, ce qui a évolué, c’est le physique, la technique.

 Justement, l’évolution physique des joueurs a forcément changé leur profil… 

Bien sûr, mais c’est encore une fois dû à la formation. Dans toutes les équipes de jeunes, y a des gens qui sont plus doués que les autres devant le but. Il faudrait prendre le temps dès 12-13 ans de dire à ces jeunes: « Toi tu as des qualités de buteur, donc plutôt que de te former à faire des contrôles orientés et des passes de 45 mètres, tu vas rester travailler devant le but« .

 Le souci, c’est que plus tard, leurs entraîneurs leur demanderont plus que ça… 

Peut-être. Moi, quand je suis arrivé aux Girondins, il n’y avait que des attaquants internationaux avec des qualités différentes des miennes, capables de jouer dos au but, mais ils ont fait appel à moi parce qu’il y avait un problème de finition. Ce que tous les clubs recherchent, c’est ce fameux buteur. Et souvent, on va le chercher à l’étranger. C’est vrai qu’à une époque, on cherchait surtout des « déménageurs », mais on reviendra aux gars qui peuvent marquer quinze buts en une saison. Toutes les équipes championnes de France ont eu un joueur qui a terminé sur le podium des meilleurs buteurs.

 Le fameux renard des surfaces a donc un avenir ? 

Bien sûr, parce que ce qui compte, c’est de la mettre au fond !

10 COMMENTAIRES

  1. [b]Fargeon……la belle Epoque, la plus belle de l’histoire du club !!!les années 80[/b]

    Lui c’était un buteur….!! quels joueur !! et surtout quelle equipe on avait a cette epoque :
    Rohr,Sénac,Roche,Touré,Ferreri,Vujovic zlatko et Zoran,Fargeon,Tigana,Girard,Vercruysse,Bijotat……….que du bu bon!!!

    Les temps on bien changés au bord de la gironde……… :'( :'( :'( :'( :'(

    • cher bigwave, un farceur ne mettrait-il pas un peu d’acide lysergique dans ta brousse, vu l’incohérence de tes propos. je m’explique: aveuglé par ton amour pour bez, tu dis, à propos de fargeon: [i]lui c’était un buteur ! [/i] explique-moi alors pourquoi, dans le même temps, tu dénigres cavénaghi, alors que leurs stats sont quasi- identiques:

      • -fargeon arrive à bdx en tant que joker lors de la saison 86/87 et marque 15 buts en 18 matches de championnat, puis la saison suivante envoit encore 13 fois la balle au fond des filets
        – cavénaghi arrive durant la trêve hivernale 06/07: hors de forme, il ne fait que quelques apparitions avec l’équipe ( 9, me semble-t-il) et marque 2 buts. anecdotique…
        suite à l’arrivée de blanc, il est barré par bellion, mais joue l’europa league et marque à chaque match… après la trêve hivernale, suite au départ de chamakh à la CAN, il devient titulaire et marque 15 buts en autant d’apparitions. la saison suivante son compteur se bloque à 13 réalisations,blessé à toulouse, il ne connaîtra pas la série de 11 matches sans défaite. et sans celle-ci qui sait ?

        • 28 buts pour fargeon en championnat en 1 an et demi, qui ne fera plus jamais rien par la suite, avec un retour raté à bdx entre 1990 et 1992, autant pour cavé entre janvier 2008 et février 2009.

          pour ce qui est de la grande équipe des 80’s comment veux-tu comparer 2 époques si différentes. sous l’ère bez, le footballeur français n’était pas à la mode en europe, à l’exception de platini [i]of course[/i], ainsi que six voire micciche , et l’arrêt bosman n’existait pas. bez a su se faire une place entre la chute de sainté et l’avènement de l’ohème, j’en suis ravi, l’équipe était belle, mais s’il y avait eu des qataris à l’époque, tout ce beau monde aurait fini à paris !

          • [b]JCG……..!!![/b]

            Non je rectifie, certes l’arrêt Bosman a changé beaucoup de chose mais la volonté de BEZ etait tou autre de celle de Triaud alias Burn’s(des simpsons bien sur….ndlr)……

            Car BEZ remplaçait les joueurs partant par des eléments de même valeurs ……quand Giresse part il le remplace par vercruysse (international) et Ferreri (vedette en devenir..) alors que triaud remplace Gourcuff par BKF ….!! il y a une sacrée différence dans la volontée de faire …!!! désolé !!!!

          • [quote name= »julienclercestunganster »]mais s’il y avait eu des qataris à l’époque…[/quote]
            C’est vrai ce que tu dis mais avec des si on peut en raconter des choses. Une chose est certaine, Bez avait de l’ambition à revendre. Peut-être trop et était légèrement mégalo. Bez parlait déjà à l’époque d’un stade 100,000 places à Bordeaux lac. Tu t’en souviens ? 35 ans plus tard ce petit stade rikiki qu’on nous propose doit le faire sourire. D’un cote t’as un président qui alimente les autres clubs de nos meilleurs joueurs pour se servir dans le ventre mou de la L1 (lorsque c’est pas la L2) de l’autre cote t’as un président qui achetait autant à l’OM qu’on leur vendait (Tresor/Cantona etc).

          • Donc avec des qataris et Bez dans le football moderne ? Ben moi je pense que Bez les aurait attirés en France même avant le PSG plutôt que de faire du copinage avec le patron de M6. Oui je pense qu’avec Bez on aurait eu le beurre et l’argent du beurre. Leur fric tout en gardant le contrôle car c’était le boss. Là, on a NI leur argent, ni le NOTRE, et on ne contrôle plus rien. Vive le roi Jean Louis, vive le Tsar Nicolas.

  2.  » Ce qui compte, c’est de la mettre au fond » tout à fait d’accord mais il n’y a pas que le foot dans ce cas la :sigh:

  3. Eh ! oui, c’est vrai, c’était le bon temps. Nous avions une des toutes meilleures équipes d’Europe, mais malheureusement, le club s’était endetté jusqu’au cou. Aujourd’hui, nous avons (enfin, ils ont) une gestion saine…..mais nous n’avons plu d’équipe.
    Un bon président, c’est quelqu’un qui arrive à trouver un juste milieu entre ces deux extrêmes, qui arrive à concocter une bonne équipe sans pour autant se ruiner. Il y a des gens qui se révèlent sur un terrain si ils sont bien entourés. Mais pour cela, il faut un minimum de talent. Le talent ne s’acquiert pas uniquement en enfilant le maillot des girondins, comme s’il s’agissait du costume de superman. Si en plus, ils sont entourés par des types atteints de neurasthénie, alors là, c’est l’échec assuré. Et tous ces ingrédients sont malheureusement réunis à Bordeaux. Il n’y a plus qu’à souhaiter que ce pauvre Gillot arrive enfin à tirer quelque chose de tout ça. Il semble parfois sur la bonne voie.

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