C’est l’expression de « boire le calice jusqu’à la lie » qui prend tout son sens. Deux jours après avoir annoncé qu’ils ne feraient pas appel de leur rétrogradation administrative en National 1 devant la DNCG, les Girondins de Bordeaux en la personne de Gérard Lopez ont fait part à la FFF de leur décision d’abandonner leur statut professionnel acquis en 1937. Cette décision entraînera une série de départs sans précédent et la fermeture de leur centre de formation. Ce jeudi, le club a aussi confirmé sa mise en faillite.

Mais, à l’identique des Girondins de Bordeaux d’autres clubs ont eux aussi subi les foudres de la DNCG…

Après une descente aux enfers en 2017 (dépôt de bilan) le Sporting Bastia retrouve la Ligue 2 pour la saison 2021-2022. C’était il y a 7 ans, déjà. Alors relégué sportivement en L2, le SCB allait finalement atterrir quatre échelons plus bas, en National 3 : 30 millions d’euros de dettes, dépôt de bilan, 50 salariés sur le carreau, tout à reconstruire. Samedi 27 juillet 2021, au stade Armand-Cesari, le « Sporting Club de la Corse », retrouvait, après un long chemin, le monde professionnel face à Nîmes (1-1), tout frais descendu de L1. Depuis, le club s’est structuré sous la forme d’une Société coopérative d’intérêts collectifs (SCIC), avec les supporteurs au cœur du projet, les Socios étoile club bastiais. Il s’agit d’un modèle de société participatif et collaboratif permettant d’intégrer différents acteurs aux décisions stratégiques (fondateurs, supporters, salariés et anciens salariés, acteurs économiques, collectivités).

« C’est un modèle unique, on détient 20 % du capital du club, indique Guillaume Longo (socio n° 7 du SCB) à « 20 Minutes ». Nous sommes consultés, on est forces de proposition et on a un droit de regard. On n’est pas d’accord sur tout, mais on trouve toujours des arrangements ! »

Mais si les Corses on refait surface saison après saison et de fort belle manière, tous les clubs ayant déposé le bilan durant ces dernières années n’ont pas connu pareille résurrection…

Retour sur les différents destins des clubs de l’élite française (Bastia y compris) à avoir connu la même déconvenue depuis vingt ans…

Ils sont vite remontés à la surface :

Le Racing Club de Strasbourg

Cette épopée spectaculaire, le Racing la doit beaucoup à ses supporters. À la fin de la saison 2008-2009, le club rate d’une place la montée en Ligue 1. L’année suivante marque le début de la désillusion. Relégué en National, le club est déjà très fragile financièrement. Il espère rapidement retrouver l’élite, mais rate une deuxième montée en trois ans, en terminant à la quatrième place. Strasbourg est alors confronté à un déficit estimé à 4,5 millions d’euros. Il est liquidé judiciairement le 22 août 2011 et rétrogradé en CFA 2 (désormais National 3). Il devient propriété d’un groupe d’investisseurs mené par le président actuel, Marc Keller. Malgré cette descente aux enfers, les supporters continuent d’encourager leur équipe au stade. Près de 10 000 spectateurs effectuent le déplacement pour voir jouer leur équipe contre l’AS Illzach-Modenheim et le SC Schiltigheim (derbys alsaciens).

En à peine deux ans, le club réalise deux montées consécutives et parvient à retrouver le National. En mai 2016, à l’occasion du dernier match de l’année face à Colomiers, la Meinau reçoit 27 820 spectateurs. Jamais une telle affluence n’avait été enregistrée pour un match de troisième division. Malgré la victoire, Strasbourg termine quatrième et manque encore une fois la montée de peu. Lors de l’exercice 2016-2017, le Racing retrouve la Ligue 2. Un an plus tard, le club fait son retour dans l’élite. Il fait chuter à la Meinau le PSG le 2 décembre 2017, pour la première fois de la saison (2-1)

Grenoble Foot 38

Deux années seulement ont suffi à provoquer le déclin du GF38. Trois ans après avoir évolué en Ligue 1 pour la première fois de son histoire, le club isérois vit deux saisons cauchemardesques (2009-2010 et 2010-2011) et est au plus mal. En 2010, le GF38 chute en Ligue 2, puis dégringole dans la foulée en troisième division. Le club accuse alors un déficit de 2,9 millions d’euros. Il dépose le bilan la même année que Strasbourg, le 5 juillet 2011, et subit une liquidation judiciaire, suivie d’une rétrogradation en CFA 2. L’année suivante, le club remonte en CFA (National 2), mais doit attendre cinq années avant de retrouver le monde professionnel et le National. Son passage en troisième division n’est qu’un éclair, puisqu’il retrouve la Ligue 2 un an plus tard.

Sporting Bastia

Quatre montées, en à peine quatre ans. Les Corses impressionnent et n’ont même a pas eu le temps de végéter dans le monde amateur. Lors de la saison 2016-2017, le club est dernier de Ligue 1 et doit être relégué en Ligue 2. Très mal en point financièrement avec une dette de 21 millions d’euros, les Bastiais déposent le bilan et repartent de National 3. Pour les supporters, c’est le grand désarroi. Mais la traversée du désert ne sera pas aussi longue qu’ils ne l’imaginent alors. Le Sporting est racheté en août 2017 par deux entrepreneurs corses, Claude Ferrandi et Pierre-Noël Luiggi. Après deux saisons en quatrième division, Bastia grimpe en National 2, puis en National dans la foulée. Quatre années après sa chute, le club retrouvera le monde professionnel et la Ligue 2.

Ils remontent doucement la pente :

Le Mans

Nous sommes aux débuts des années 2000. Le Mans espère jouer l’Europe et vient de disputer trois demi-finales de Coupe de la Ligue successives (2006, 2007 et 2008). Pourtant, la saison 2009-2010 s’avère plus compliquée que prévu pour les Sarthois. 18es de Ligue 1, ils sont logiquement relégués en Ligue 2. Ils espèrent alors la remontée immédiate, mais la ratent d’une place (4e). C’est le début du cauchemar pour le club.

Endetté à hauteur de 14,4 millions d’euros, notamment par la construction de son nouveau stade la MMArena, il est contraint de déposé le bilan devant le tribunal de commerce de Nantes durant l’été 2013. Malgré plusieurs recours, les Manceaux sont relégués en division d’honneur (Régional 1), avant de passer trois saisons en National 3. En 2019, ils retrouvent enfin la Ligue 2, mais ne parviennent pas à se maintenir. Avant-dernier du championnat lors de l’arrêt des compétitions en mars 2020 en raison du Covid-19, le club sarthois est finalement relégué. Il évolue en National  pour la saison 2023-2024,pour la quatrième saison consécutive.

Sedan

En 2012, Sedan est dans la course pour la montée en Ligue 1. Mais le président de l’époque, Pascal Urano, cesse de donner de l’argent et contraint le CSSA à vendre ses meilleurs joueurs. Lors de l’exercice suivant, l’équipe s’écroule et est logiquement reléguée en National. En cessation de paiement, Sedan est mis en liquidation judiciaire le 8 août 2013 et doit déposer le bilan. Initialement relégué en CFA, le club est finalement rétrogradé en CFA 2, à l’instar de Strasbourg. Il grimpe dans la foulée en National 2, puis en National. Mais depuis 2017, le club stagne en National 2. Lors de l’exercice 2019-2020, Sedan termine deuxième du groupe A, juste derrière… Bastia.la Fédération Française de football décide de promouvoir administrativement le club de Sedan en National 1 grâce à ces résultats sur cet exercice. Sedan se retrouve avec une équipe bâti pour jouer à l’échelon en dessous. En effet, le recrutement a été effectué avant la décision de la Fédération Française. Sedan crée cependant la surprise et finit à une belle 8ème place. Le club dévoile un nouveau logo, crée en concertation cette fois-ci avec les supporters.

Mais, à la suite de ces problèmes financiers, le club pourtant classé 7e de National la saison 2022-2023, est d’abord rétrogradé administrativement en National 2 par la DNCG. Le club fait appel mais est ensuite exclu des championnats nationaux le 4 juillet 2023. Saisis par le club, le CNOSF émet un avis favorable au maintien du CS Sedan Ardennes en National, mais le Comité exécutif (Comex) de la FFF décide le 3 août 2023 de ne pas suivre la proposition de conciliation du CNOSF, confirmant la rétrogradation du club en Régional 1. À la suite de l’infirmation de la conciliation du CNOSF par le Comex de la FFF, le club saisit le Tribunal Administratif des Sports et suspend son exclusion des championnats nationaux par un recours en référé. Le Tribunal Administratif des Sports rend son verdict final le 8 août 2023 en rejetant le recours du club, ce qui confirme l’exclusion des championnat nationaux pour la saison 2023-2024. Le club dépose le bilan le 24 août 2023 auprès du tribunal de commerce de Sedan. Il repart en Régional 3 (huitième division) à compter de la saison 2023-2024.

Ils ont totalement disparu du haut niveau :

Arles-Avignon

Arles-Avignon l’a prouvé : du professionnalisme à l’amateurisme, il n’y a qu’un pas. Le club provençal accède pour la première fois de son histoire à l’élite du championnat de France en 2010. Mais le rêve ne dure qu’un an. Cinq années plus tard, Arles-Avignon entame une chute vertigineuse. Après avoir terminé à la 20e place de Ligue 2 lors de l’exercice 2014-2015, la DNCG rétrograde le club en CFA.

Le cauchemar est alors loin d’être fini : le 16 octobre 2015, après seulement sept journées de championnat, le club connaît une rétrogradation judiciaire et dépose le bilan. Les Lions sont alors relégués en Division d’Honneur Régionale (Régional 2). Depuis, le club n’est plus jamais parvenu à retrouver un niveau national et végète dans le monde amateur. Il a d’ailleurs été rebaptisé par son nom d’origine : l’Athlétic Club arlésien et a disputé le championnat de Régionale 1 lors de la saison 2023-2024.

FC Gueugnon

Le club connaît un certain âge d’or dans les années 1990 : une demi-finale de Coupe de France (1991), une saison en première division (1995-1996), puis un trophée de la Coupe de la Ligue française de football en 2000 face au PSG, synonyme de qualification pour l’Europe. Lors de l’exercice 2007-2008, le club termine 11e de Ligue 1 et est relégué en National. Une année plus tard, l’ancien international Tony Vairelles reprend les rênes. Mais son arrivée ne résout rien et le déficit se creuse. En avril 2011, le tribunal de commerce de Mâcon liquide Gueugnon, alors que le championnat n’est pas encore terminé. Le club est relégué en Division d’Honneur (Régional 1). Dix ans après sa liquidation, il végète dans l’amateurisme et stagne encore en National 3.

Pour ses 80 ans d’existence le FC Gueugnon s’offre en 2020 un nouveau logo… Le design affiné, combiné à une touche artistique de haute volée, a rapidement convaincu les plus fervents supporters du club ! Quand je vois le pauvre logo qu’on se trimbale depuis des lustres aux Girondins de Bordeaux et la qualité de ce que réalise certains designers méconnus, je me dis qu’on a décidément jamais rien compris du côté du port de la Lune…

Bref, continuons…

Évian Thonon-Gaillard

Tout va très vite dans le sport. En 2013, Evian Thonon-Gaillard est finaliste de la Coupe de France. Deux ans plus tard, le club descend en Ligue 2. Il termine alors 18e et est relégué une nouvelle fois, en National. Mais au vu de la situation financière du club, la DNCG refuse que l’équipe évolue à ce niveau et l’envoie en CFA. Le 6 décembre 2016, le tribunal de commerce de Thonon-les-Bains prononce la liquidation judiciaire du club. Les droits sportifs sont alors transférés à la nouvelle association Thonon Évian Savoie Football Club et le club est relégué en… Régional 2. Depuis et à ce jour, Évian évolue en National 2 et peut espérer entrevoir de meilleurs jours devant lui.

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