Edson Arantes do Nascimento dit Pelé, légende du football brésilien et du sport mondial, est mort à l’âge de 82 ans le jeudi 29 décembre 2022. L’annonce a été confirmée par sa famille peu après 20 heures, heure française.

L’ancien attaquant du Brésil, triple champion du monde avec la Seleçao, est décédé des suites d’un cancer du côlon et de problèmes pulmonaires et rénaux. L’hôpital de Sao Paulo évoque dans un communiqué « la défaillance de multiples organes ».

Le gouvernement brésilien a annoncé trois jours de deuil national à hauteur de l’empreinte laissée par le joueur dans l’histoire du football mondial et du Brésil.

Une veillée funèbre doit être organisée ce lundi avant des obsèques prévus mardi à Santos.

Figure majeure du football, Pelé est considéré comme le plus grand joueur de tous les temps. Surnommé O Rei « le Roi », Pelé est l’unique joueur de football à avoir remporté trois fois la coupe du monde de football, en 1958, 1962, et 1970, soit 12 ans titré champion du monde… le Brésilien aura traversé plus d’une décennie sur le toit du monde. Aucun rival ne peut s’aligner. Désigné athlète du siècle par le Comité international olympique (CIO), joueur du xxe siècle par la FIFA, d’un Ballon d’Or d’honneur, membre de l’équipe mondiale du xxème siècle suite à un vote de 250 journalistes en 1998. La Légende brésilienne est célèbre pour avoir marqué plus de mille buts dans sa carrière, 1283 exactement incluant ceux inscrits lors de matchs amicaux.

Le Monarque absolu du ballon rond faisait partie également de la meilleure équipe mondiale ayant écumé les terrains de football, celle du Brésil de 1970 ! Une armada qui met la majorité des spécialistes du monde entier d’accord… Oubliez donc les Pays-Bas de Cruyff 1974, la RFA de Beckenbauer 1972-76, l’Argentine de Maradona 1986, l’AC Milan d’Arrigo Sacchi 1989-90 ou encore l’Inter d’Helenio Herrera 1964-65, voire le grand Ajax des années 1971-73, le Liverpool 1977-78, le Bayern de Munich 1974-76, le Barcelone 2009-11 ou le Real Madrid 2014-18.

Beaucoup de grands joueurs auront marqué l’histoire mondial du jeu en ayant  suscité l’admiration de leur nation et des divers continents… les Rivelino, Zico, Gianni Rivera, Sandro Mazzola, Giacinto Facchetti, Eusébio, Bobby Charlton, Oleg Blokhine, Franz Beckenbauer, Gerd Müller, Karl-Heinz Rummenigge, Kevin Keegan, Allan Simonsen, Michel Platini, Igor Belanov, Paolo Rossi, Alain Giresse, Marco Van Basten, Ruud Gullit, Hristo Stoitchkov, Hugo Sanchez, Éric Cantona, Alan Shearer, Gary Lineker, Lothar Matthäus, Roberto Baggio, Andriy Shevchenko, Paolo Maldini, Raúl González Blanco, Kaka, Ronaldo de Lima, Romario, Totti, Del Piero, Zidane, Rivaldo, Luis Figo, Ronaldinho, Xavi, Cristiano Ronaldo, Neymar, Lionel Messi… auront émerveillé !

Mais, une minorité aura suscité la fascination extrême, la fascination XXL, la fascination grand écran… la fascination rutilante dépassant la reconnaissance sportive en incluant des courants de pensée, un nouveau mode de vie ou des engagements humanitaires et politiques.

Une poignée d’extraterrestre dont Pelé faisait office de précurseur et de référence ultime. Le numéro 1 d’un quatuor à l’image des plus grands ténors de tous les temps Enrico Caruso-Luciano Pavarotti-Placido Domingo-José Carreras ou des 4 mousquetaires de fiction du Roi Louis XIII d’Artagnan-Athos-Porthos-Aramis…

j’ai nommé Pelé-Best-Cruyff-Maradona…

Pelé a amené toute une nation sur le toit du monde d’un sport véhiculant la beauté du jeu, faisant de celui-ci un Art à part entière – le Futbol Samba – une marque de fabrique à tout jamais estampillée pour le Brésil. Pelé personnifiait à lui seul le Brésil et la légende du joueur brésilien artiste !

Alain Giresse (Ballon d’argent 1982) expliquera d’ailleurs qu’il avait tous les ingrédients pour être au-dessus de tout le monde ! : « Il faut reconsidérer Pelé. J’entends les débats sur ceux qui préfèrent Maradona, ou Platini… C’est un débat qui n’a pas lieu d’être, les générations sont différentes. Pelé a quelque chose de plus que les autres car il a été le premier à inventer techniquement des gestes et des actions qu’on n’avait jamais vus. Ça, ça restera. En 1970, il a frappé du milieu de terrain contre la Tchécoslovaquie… Qui avait fait ça avant ?! Personne. Jamais un joueur avait essayé de faire cela. Le grand pont qu’il fait contre l’Uruguay, c’est pareil… Lui a été créatif, avec une technicité au-dessus de la moyenne, qui lui permettait de tenter et de réaliser… En 58, il n’a pas 18 ans, il fait un contrôle de la poitrine, il passe le ballon au-dessus d’un suédois et reprend derrière… Ce n’était pas commun ».

Michel Platini (triple Ballon d’Or) rajoutera : « Ce n’était plus un homme, ce n’était plus un footballeur, c’était le Dieu du football. Quand on joue comme Pelé, on joue comme Dieu ! C’est celui qui nous a donné le plus d’émotions. Avec les statistiques, dans le football, on compare parfois des choses qui ne sont pas comparables. En matière de jeu comme en matière d’émotion, il n’y a pas grand-chose que l’on puisse comparer, dans l’histoire de la Coupe du monde, à ce que Pelé a fait en 1970, ni, d’ailleurs, à ce qu’a réalisé Johan Cruyff en 1974. Pour moi, Pelé est le plus grand, et avec Cruyff, ils sont les deux plus grands. En 1970, il y a les buts qu’il n’a pas marqués, comme face à Mazurkiewicz et son premier but en finale, et sa passe décisive sur le quatrième but contre l’Italie (4-1). Jamais personne n’a dominé une Coupe du monde comme l’a fait Pelé en 1970. Il a été l’idole des idoles. Le Roi, oui. »

Johan Cruyff, y allant également de son analyse : « Pelé, le seul footballeur qui dépassait les frontières de la logique ! »

Zico surnommé « le Pelé Blanc » : Moi, je suis fier que les gens se souviennent de moi et qu’ils me comparent à Pelé, parce qu’il est le meilleur joueur de l’histoire du football »

Tostão pour qui les comparaisons avec d’autres joueurs n’ont pas lieu d’être (à l’identique d’Alain Giresse), explique que Pelé, avec qui il a gagné la Coupe du monde 1970, possédait exactement toutes les qualités d’un attaquant. « Pour la Fifa Maradona était un génie mais, physiquement, il n’était pas au niveau de Pelé. Messi est un génie, mais il ne possède pas le jeu de tête de Pelé, et il n’est pas aussi adroit des deux pieds. Cristiano Ronaldo est un joueur exceptionnel, mais il n’a pas le talent de Pelé et il ne possède pas son sens inné de la passe ! »

Pelé fut donc le premier Créateur du Jeu Football et donc le Roi … « il était le Jeu ! » dira le quotidien l’ÉQUIPE…

Et Comme « Citoyen du monde » (titre décerné par les Nations Unies) le Roi a fait plus pour l’action humanitaire (éducation et santé pour les enfants) l’amitié et la fraternité que n’importe quel autre ambassadeur sur la planète !

« O Rei » … RIP à l’AS des AS !

Parlons maintenant de ses 3 fameux compères de légende, dorénavant réunis à jamais avec lui…

GEORGE BEST

Pelé déclara de lui en 2004 qu’il est le meilleur joueur qu’il ait jamais vu jouer ! Et Diego Maradona rejoint le magicien Brésilien en expliquant que l’Irlandais était son idole !

Best fut le premier footballeur à acquérir un statut de Pop-Star, à tel point qu’il était surnommé le « cinquième Beatles » ou le « Beatles à la gueule d’ange » par le tabloïd londonien le Daily Express… Même si le joueur en question préférait de loin les Rolling Stones !

Son statut de vedette lui permettait tous les excès, il buvait beaucoup, passait le plus clair de son temps à faire la fête et dépensait des fortunes au casino. Selon ses dires, il rentrait sur le terrain fatigué et en ressortait lessivé ! Il devient alors le fer de lance de toute une génération mondiale en mal d’émancipation du politiquement correct. Ses collègues diront de lui « George pensait qu’il était le James Bond du foot. Il avait tout ce qu’il voulait, l’argent, les filles, la gloire. Il vivait au jour le jour et s’en est toujours tiré comme ça. Quand il manquait l’entraînement, les gens trouvaient des excuses à sa place. Il n’avait pas à en fournir. Il se foutait de tout ! »

La folie « Best » raisonnait alors comme la Liberté d’un peuple universel et sans frontière… Ses vêtements, la longueur de ses cheveux et sa nonchalance devant les objectifs : tout chez lui illustrait le schisme entre le milieu des années 1960 et ce qui s’était passé avant. George Best reste la première et ultime rock star du football, brûlée par une vie de « sexe, alcool et ballon rond ». Cette « hygiène de vie » a contribué à édifier et entretenir sa légende, autant que ses exploits sur le terrain. Un exemple iconique pour Diego Armando Maradona et le symbole d’une génération entière.

Si John Lennon est la seule rock star à disposer d’un aéroport à son nom (à Liverpool) il en va de même pour George Best (à Belfast) en ce qui concerne les footballeurs. Cela suffit à situer la postérité de l’attaquant nord-irlandais. De fait, il avait tout pour lui : Du génie balle aux pieds et un physique de tombeur, yeux bleus, traits fins, fossette au menton, qui contribuera à massivement féminiser les supporters des travées… Et son patronyme, source d’inépuisables jeux de mots − jusqu’au message déposé avec une gerbe de fleurs sur sa tombe : « Maradona good, Pelé better, George Best »… en passant par ceux éternellement mentionnés sur les banderoles d’Old Trafford, temple de Manchester United : « Georgie… simply the Best ! » 

Quelques citations du joueur : « Si j’avais été moche, vous n’auriez jamais entendu parler de Pelé. » –« Si j’avais eu le choix entre dribbler cinq joueurs puis marquer un but en pleine lucarne de 40 mètres à Anfield (le stade de Liverpool) et me taper Miss Monde, j’aurais eu du mal à me décider. Par chance, les deux me sont arrivés. »-  « J’ai claqué beaucoup d’argent dans l’alcool, les filles et les voitures de sport. Le reste, je l’ai gaspillé. »- « En 1969, j’ai arrêté les femmes et l’alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie. »  « J’avais une maison au bord de la mer. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer ! »

JOHAN CRUYFF

La rapidité du « Hollandais volant » était son point fort, il avait la capacité de courir aussi vite avec ou sans ballon, et ses statistiques égalaient celle des meilleurs sprinteurs de l’époque (3,8 secondes sur 30 mètres, départ arrêté). Il fut même l’un des premiers attaquants à montrer l’importance de la vitesse dans le jeu. Cet atout lui permettait de lancer des attaques de très loin et de surprendre ses adversaires par ses accélérations. Le déclenchement du péno en finale de CDM face à la RFA en est le plus bel exemple… partant seul depuis le rond central et en double accélération il déposera le légendaire latéral Berti Vogts, le Pitbull allemand, connu pour sa hargne et sa grande vélocité ! Lors de cette Coupe du monde, Johan Cruyff modifiera son maillot-short-chaussettes qui ne comporteront que deux bandes noires au lieu des trois du sponsor Adidas car le contrat entre la sélection orange et cet équipementier ne rétribue pas les joueurs ! Il sera le précurseur d’un combat victorieux mené contre la Fédération Internationale qui fera office de loi pour les joueurs du monde entier. Un homme seul s’est dressé face à la plus grosse organisation mondiale de son sport…

A l’Ajax, où il débute à 17 ans, d’abord avec le numéro 9 puis, un peu par hasard, avec le numéro 14 qui forgera sa légende, il misait déjà sur le mouvement, l’anticipation, l’utilisation des espaces. Il devient donc le chef d’orchestre qui exécute la partition de « total voetbal » (football total) écrite par l’entraîneur Rinus Michels (tactique quelque peu inspirée de la Hongrie de Puskás en 1954 qui est caractérisée par l’implication de chacun des joueurs de l’équipe dans une vision d’ensemble, par une pression haute et tout terrain, par la maîtrise de la balle par la possession et surtout par ses postes totalement interchangeables.). Il dirige même les internationaux de son tout jeune âge parce qu’il analyse le jeu plus vite que les autres ! Il court plus vite, voit plus vite, pense plus vite. Un prestidigitateur génial, dominateur et dur comme un lion, aussi vif qu’une gazelle. Sur le terrain, ce n’est plus Miles Davis, c’est le monstrueux Herbert Von Karajan dirigeant à la baguette l’orchestre le plus prestigieux de tous les temps : l’Orchestre Philarmonique de Berlin. Une crinière de pur-sang, le buste droit, le regard haut, chaînes en or qui brillent, une accélération et une qualité technique qui lui permettent de s’enfoncer dans les défenses. Cruyff combine la puissance féline d’un Pelé, la vision du jeu laser d’un Platini, la vitesse balle au pied d’un Messi, le charisme égocentré d’un Maradona.

Le leader du Football Total et des « Oranges mécaniques » (surnom donnée à la sélection des Pays-Bas de 1974) fera également les beaux jours du FC Barcelone et de la population Catalane dans son intégralité par la dédicace de sa photo aux 113 membres de l’Assemblée de Catalogne emprisonnés dans les geôles franquistes. Johan Cruyff deviendra alors bien plus qu’un simple footballeur. Il mettra également en place de son vivant la « Fondation Johan Cruyff » développant différents projets sportifs pour enfants handicapés dans plus de 20 pays.

Au-delà de sa dimension footballistique, c’est aussi son caractère qui lui a permis de dégager une aura qui fait de lui l’égal d’un Pelé ou d’un Maradona. Cruyff pouvait se montrer Cassant, dominateur, manipulateur, égocentrique, colérique, rancunier, hautain, arrogant, vénal, radin, égocentrique, despotique. Van Basten triple Ballon d’Or dira de lui : « Cruyff pouvait être très dur avec moi parce qu’il avait joué dans la rue où vous utilisez une langue différente ! J’ai fait de même avec Ruud van Nistelrooy lorsque j’étais entraîneur national ! ».

Ce joueur caractériel avait l’image et l’attitude d’un rebelle en perpétuelle contradiction avec certains préceptes de son époque. Il fut le premier à choisir son club pour de l’argent, et à rendre public son salaire. Johan a utilisé l’argent comme symbole de son esprit libéral-libertaire, à l’image d’un Mick Jagger dans sa gestion des affaires pour les Stones. Il est devenu une figure revendicatrice de cette nécessité de gagner beaucoup d’argent. De cette manière, il est non seulement devenu le premier joueur de l’histoire représenté par un agent, mais également le premier joueur avec agent collaborant pour le syndicat des joueurs professionnels qui assure une sécurité financière aux futurs joueurs retraités. Pour ainsi dire, le rusé Cruyff a ouvert la voie de la starisation aux joueurs, aujourd’hui à son apothéose en termes d’exagération.

Il fut également le premier footballeur à exprimer ses opinions politiques (vis-à-vis du franquisme comme on l’a vu précédemment mais aussi de la dictature Argentine) alors que tous ses confrères se complaisaient dans le mutisme. Cette image libertaire était aussi véhiculée par les cheveux longs des joueurs de l’Ajax Amsterdam, leur adhésion au jeu offensif et spectaculaire (contre le Catenaccio de l’Inter de Milan) et les cigarettes fumées à la mi-temps (4 paquets par jour pour Johan tout au long de sa vie de joueur et d’entraîneur !), qui dans un sens, ont construit sa légende. Il fut non seulement le plus grand joueur de son époque mais aussi le plus grand entraîneur de son époque. Le père du football moderne. Il était à la base de tout ce qu’on peut voir aujourd’hui : l’imagination offensive, les joueurs qui viennent chercher des ballons entre les lignes. Avant son décès déjà, il était au-delà d’un ancien joueur de football ou d’un entraîneur. Il était dans la légende… C’est pourquoi le quotidien sportif l’ÉQUIPE dira de lui qu’il était le Football…

Comme Pelé avec le Brésil, penser à Cruyff rime avec la Hollande, l’Ajax ou Barcelone. A contrario d’un Maradona dont on se rappelle avant tout des exploits personnels.

Dans un ouvrage détaillé (Johan Cruyff) le journaliste Chérif Ghemmour évoque la vie tumultueuse et engagée de Cruyff, « despote éclairé », au comportement proche d’une star de Rock’n Roll, et revient avec lui sur la facette politique d’un personnage quasi mythique pour toute une génération. Loin de l’icône révolutionnaire fantasmée, on voit apparaître un Johan Cruyff « libéral-libertaire », certes représentatif de la révolution sociétale néerlandaise des années 1960, mais surtout dans son « rapport décomplexé avec l’argent » et son désir de « rupture avec les convenances » combat de toute une jeunesse internationale.

Citations :

« Il était tellement parfait sur le plan technique qu’il a arrêté d’essayer de progresser quand il était petit. À la place, il était obsédé par le côté tactique du jeu alors qu’il n’était qu’un enfant ! Donc sur le terrain, tu avais non seulement le meilleur joueur du monde, mais aussi un génie tactique qui montrait à tout le monde quoi faire sur le terrain. » – Marco Van Basten

« Si Gareth Bale et Cristiano Ronaldo valent environ 100 millions d’euros, alors Johan aurait auparavant valu des milliards. » – Franz Beckenbauer.

« Je n’ai jamais vu un joueur dicter un match aussi bien que Cruyff. Il assurait le spectacle. Bien plus que son équipe, l’arbitre ou les supporters. Il avait une connaissance inégalée de ce qu’il se passait sur le terrain. Il était à la fois joueur, entraîneur et arbitre. » – Jorge Valdano ancien attaquant de l’Argentine.

« Si tu réfléchis aux plus grands joueurs de l’histoire, la plupart d’entre eux ne pouvaient pas être entraîneurs. Si tu réfléchis aux plus grands entraîneurs de l’histoire, la plupart d’entre eux n’étaient pas de grands joueurs. Johan Cruyff a réussi dans les deux domaines et avec la plus grande classe. » – Johan Neeskens, ancien milieu de terrain de l’Ajax Amsterdam et des Pays-Bas

« Il ressemblait à Cristiano Ronaldo en termes de physique et de puissance. Il ressemblait à Messi en termes de capacité, de créativité et de sens artistique. Cruyff mélangeait tous ces aspects. C’était un joueur unique en son genre. » – Miguel Reina, ancien gardien de but de l’Espagne et du FC Barcelone

« Le “football total” de l’Ajax, c’est le foot qui m’a inspiré et qui a inspiré des entraîneurs de l’école nantaise, comme Jean-Claude Suaudeau et Raynald Denoueix. Très jeune, déjà en tant que footballeur, Cruyff s’est intéressé à la stratégie, au jeu en peu de touches de balle et au jeu collectif en général. Il était le joueur moderne le plus fort. –  Jean-Marc Furlan

“Si tu joues en une touche de balle, tu fais un très bon match. A deux touches, c’est un bon match. A trois touches, tu fais un mauvais match.”- Johan Cruyff

« À part l’attacher, il n’y avait rien à faire. » – Bernard Bosquier

« On avait l’impression que les adversaires étaient au ralenti contre lui. » – Lilian Thuram

« C’était le meilleur joueur de tous les temps ! » – Michel Platini

« Un homme qui a fait plus pour rendre le jeu magnifique que quiconque dans l’histoire. » – Gary Lineker

« Il a changé la façon de jouer au football en Europe, et en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. C’était un pur bonheur à regarder. J’ai souhaité qu’il soit Brésilien » – Pelé

DIEGO ARMANDO MARADONA

Surnommé El Pibe de Oro (Le gamin en or) l’une des personnalités les plus controversées du sport et de la société en raison de ses relations peu recommandables à cette époque, ses nombreux dérapages verbaux, ses deux contrôles positifs en 1991 en Italie et en 1994 lors du mondial américain et de sa dépendance à la cocaïne, qui a largement perturbé sa carrière de joueur professionnel ainsi que son état de santé.

Maradona fut l’un des meilleurs techniciens de l’histoire du football. Un magicien en solo plus qu’un éminent chef d’orchestre. Dribbleur hors pair capable de mystifier les meilleurs défenseurs de son époque, il pouvait compter sur un toucher de balle particulièrement fin. Sa petite taille était loin d’être un défaut, car elle lui permettait de rapidement changer de direction et de le rendre quasiment insaisissable. Le but qu’il marque contre l’Angleterre en quart de finale de Coupe du monde est à ce titre très représentatif de son style. Buteur génial, capable de marquer les buts les plus improbables, il était aussi un remarquable passeur qui pouvait à l’occasion devenir un stratège.

Néanmoins, si Maradona laisse l’image d’un joueur controversé, c’est en partie dû au fait qu’il était capable du meilleur comme du pire. Capable de réaliser des gestes extraordinaires, mais aussi de sombrer dans la violence et de ne plus se contrôler, de tricher. Toutes ces facettes expliquent pourquoi sa carrière fut à la fois brillante (CDM 1986)) et problématique (suspension à la CDM 1994).

En revenant sur 1986, Maradona est capitaine d’une équipe d’Argentine qui veut venger la déroute de 1982. À 25 ans, le joueur argentin dispute sa compétition la plus aboutie. Incroyablement brillant, il permet à l’équipe argentine d’atteindre la finale. En quart de finale contre l’Angleterre, il inscrit l’un des plus beaux buts de l’histoire du football en partant de son camp et passant en revue toute la défense anglaise avant de tromper le gardien. Il avait tenté la même action, sans réussite cette fois, six années plus tôt lors d’un match amical contre cette même équipe d’Angleterre au stade de Wembley.

Cet exploit suit le premier but marqué par Maradona à l’aide de la main, qui sera appelé la « Main de Dieu » à la suite des commentaires de fin de match donnés par Maradona.

Ce but émanant d’une tricherie manifeste, lourd de conséquences pour l’adversaire anglais, est souvent pris en exemple par les partisans de l’arbitrage vidéo pour l’introduction de cette technologie dans les compétitions de haut niveau. La VAR tissait sa chrysalide dans l’esprit des gens… suite à la « Main de Dieu » !

À ce jour et après la victoire de l’Argentine en CDM 2022, Lionel Messi septuple Ballon d’Or est devenu si l’on en croit les médias sportifs l’égal de Diego. Pour les puristes il n’en est rien ! Messi ne restera qu’un joueur de foot exceptionnel tout comme un Cristiano Ronaldo. Tous deux virtuoses du pousse-citrouille, certes les plus titrés de la liste interminable des joueurs les plus admirés précédemment citée, mais aussi communs que leurs camarades sortis du contexte sportif.

Diego, à la différence de Messi qui avec cette CDM 2022 a rendu une fierté footballistique à tout un pays, a lui redonné l’honneur à toute une nation meurtrie par une guerre des Malouines perdue face aux Britanniques en 1982. Diego, instigateur de la victoire de 1986 face aux anglais, a effacé l’humiliation de la perte d’une partie du territoire argentin usurpée depuis 188 ans par une puissance coloniale. Maradona dira alors « C’était comme si nous avions battu un pays, et pas seulement une équipe de football. Bien qu’on ait dit avant ce match que le football n’avait rien à voir avec la guerre des Malouines, nous savions qu’ils [les Anglais] avaient abattu beaucoup de jeunes Argentins comme des petits oiseaux. Ce match était donc une vengeance ! »

Les deux actions footballistiques les plus marquantes du XXème siècle, « la main de Dieu » et « le but du siècle » ont été réalisées à cinq minutes d’intervalle. Cinq minutes pendant lesquelles Maradona a vengé tout le peuple argentin de la cicatrice laissée par cette guerre des Malouines opposant ces deux nations. Quelle était la probabilité que ces deux buts soient inscrits contre la patrie de Margaret Thatcher ?  

Si le journal l’ÉQUIPE publiait que « Cruyff était le Football » et que « Pelé était le Jeu » on peut dire que Diego Armando Maradona fut le mythe personnifié mi-ange mi-démon du ballon rond ! Et oui, nous avons tous dans notre cœur un peu de Maradona ! La passion, les excès, l’altruisme, les contradictions…

Maradona personnifie mieux que n’importe qui le show du ballon rond car il est le miroir parfait de tout ce que peut ressentir un supporter. Que ce soit dans les chaudes rues d’Abidjan, dans la froideur de l’industrie de Manchester ou encore dans la ferveur des tribunes de la Bombonera : tous les passionnés ressentent les mêmes émotions, indépendamment des différences culturelles et de la distance qui les séparent.  Maradona était le meilleur représentant de ces sentiments. Diego, plus qu’un homme, était la peinture abstraite réunissant toutes les émotions.

Le don de soi, la lutte des classes, les rivalités, le partage… Impossible de résumer à l’écrit tous les éléments liés au football. Des sentiments bien souvent irrationnels qui poussent le plus introverti des supporters à frapper son mur de colère quand son équipe favorite perd. Mais malgré toutes ses contradictions, Maradona parvient à les rassembler dans son seul être. Durant tout son parcours, nous avons dans notre esprit des images de lui. Que ce soit son sourire, ses larmes, sa détermination, sa fougue…

Pelé était-il meilleur ? Best était-il meilleur ? Cruyff était-il meilleur ? D’incroyables personnages ont fait vibrer les foules (voir la liste des joueurs admirés) grâce à leur talent exceptionnel. Pelé-Best-Cruyff-Maradona surfaient eux bien au-dessus de tous… mais à la différence de ses 3 compères Brésilien, Irlandais et Hollandais El Pibe de Oro est le seul à avoir fait tomber totalement le masque cachant ses sentiments. Il partageait sa sensibilité avec tous et nul ne pourra nier que le football est avant tout une question d’émotions. Maradona était un footballeur profondément humain. A moins d’avoir une mauvaise foi à toute épreuve, il y a forcément un passage de l’histoire d’El Diez qui touchera votre cœur. Que ce soit celui du gamin des bidonvilles, celui du Mondial 1986, celui de la passion napolitaine ou encore celui du drogué repenti… Le roman « Maradona » est un mille-feuille de sensation et d’exaltation. Aucun individu n’a personnifié mieux le football que lui, par son humanité. Comment ne pas être troublé par son parcours dont plusieurs événements ont transcendé son image et lui ont permis de dépasser le cadre du football, que ce soit en Argentine ou dans le monde entier ?

Donc voilà… ils étaient Quatre hommes… quatre enfants issus du football de rue…il y avait le Roi Pelé, il y avait George the Best, il y avait Cruyff le Hollandais volant et il y avait Diego le gamin en Or… Ils siègent désormais ensemble et tout en haut de la planète ronde des supporters amoureux du beau jeu… n’en déplaise aux fans des autres stars du football qui ne resteront eux que des footeux d’exception.

Voici le moment de vous remercier de la confiance que vous nous avez accordé cette année. Le FCGB.NET vous adresse ses meilleurs vœux ! À titre personnel je vous témoigne par la même occasion tout le plaisir que j’ai eu à échanger avec vous.

SASSodapop