Questionné par les nombreux journalistes présents au Haillan ce matin, Francis Gillot leur a livré une très longue interview. Le sujet principal de celle-ci sera forcément le début de saison « médiocre » des Girondins ainsi que les solutions envisagées pour espérer, de nouveau, cotoyer la Ligue 1 l’année prochaine. La défense bordelaise sera également évoquée avec notamment, au centre de toute les attentions, Michael Ciani. 

Cette semaine d’entraînement n’est-elle pas trop dure mentalement ?

Certainement. Le fait d’être dans la zone rouge est quelque chose de concret. Nous avons mis le classement dans le vestiaire pour que nous nous rendions bien compte de la situation. Nous sommes en difficulté. C’est une certitude. Nous ne gagnons pas de match. Lors de la dernière journée, toutes les équipes qui étaient derrière nous au classement ont gagné. Pas nous. Naturellement, nous nous retrouvons à cette position. A partir du moment où n’arrivons pas à décrocher de victoire, nous serons souvent dans cette situation.

A l’entraînement, nous avons vu que vous essayiez d’autres combinaisons. Etes-vous tenté de tout changer ?

Je n’ai pas fait d’association particulière. J’ai juste eu envie de mélanger les équipes. Il y a 15 jours, vous me disiez que j’avais trouvé l’équipe type. Maintenant, vous me dites de tout changer. Il ne faut pas être excessif. Le football est un jeu. Il n’y a jamais de certitudes. Je dois en tenir compte. Si des joueurs sont meilleurs et ne jouent pas, ils doivent me le montrer à l’entraînement. C’est pour cela qu’à l’entraînement, nous pouvons mixer les équipes. A partir du moment où nous voyons qu’un joueur est bien en jambes, nous pouvons alors lui faire confiance le jour du match.

Après le match de Dijon, vous aviez fustigé l’investissement de certains joueurs à l’entraînement. Est-ce que cela a changé cette semaine ?

Il faut s’investir sur une année et pas sur une semaine. Ce n’est qu’un rappel de certaines choses qui m’ont déplu.

Il y a eu des signes avant-coureurs…

Il y a 15 jours vous me disiez qu’une équipe type était en place. J’avais prévenu qu’il ne fallait pas se prononcer trop vite. Il est vrai que j’ai un avantage par rapport à vous. Je les vois à l’entraînement et je vois leur manière de vivre. Il y a des choses que vous ne pouvez pas voir. C’est pour cela qu’il faut être mesuré. De temps en temps, il faut remettre les choses à leur place. Lorsqu’il y a une trêve internationale, nous avons l’impression que c’est la colonie de vacances à l’entraînement. Je n’aime pas du tout cela. C’est pour cela que j’avais averti pour le match face à Dijon.

Cette semaine se passe-t-elle mieux ?

Oui. J’espère que cela va durer.

Vous avez dit que vous aviez affiché le classement dans le vestiaire. Comment réagissent les joueurs ?

Ils n’ont pas d’autre choix que de le voir. Il est dans le passage pour sortir du vestiaire. Je ne sais pas comment ils réagissent. Le vestiaire leur appartient. Je n’y suis pas.

Pourquoi avoir affiché le classement ?

J’ai toujours fait cela. Que cela soit à Lens ou à Sochaux. Dans les mauvaises comme dans les bonnes situations. Au cas où certains joueurs ne liraient pas les journaux.

Pensez-vous que le fait d’être dans cette position plus qu’inconfortable puisse créer un sentiment de révolte chez les joueurs ?

Que nous soyons à cette position ou à la 14e ou 15e place, c’est toujours insuffisant. Il ne faut pas être dans cette zone-là pour réagir. Lorsque nous étions 15e avant Dijon, nous savions qu’en cas de défaite nous allions nous retrouver dans cette position. Etre 13e ou 14e à 2 points du 1er relégable n’est pas une place confortable. C’est exactement la même chose qu’être relégable.

Nous avons l’impression qu’il n’y a plus de place pour l’optimisme…

C’est plutôt une forme de réalisme. Aujourd’hui nous jouons le maintien. Lorsque nous sommes dans cette position à la 15ème journée, nous ne pouvons jouer autre chose. Nous n’avons pas encore gagné à domicile et nous concédons une défaite face à Dijon. Nous devons sauver l’essentiel. Le club et ses salariés. Nous devons nous maintenir en Ligue 1.

Que faut-il faire pour que Bordeaux continue à se battre d’un bout à l’autre d’une partie ?

Les joueurs étaient prévenus que Dijon avait beaucoup d’envie. Il faut une prise de conscience de la part du groupe. Peut-être qu’aujourd’hui nous ne l’avons pas encore.

Les matches à venir ne sont pas très enthousiasmants…

C’est vrai. Nous recevons Caen et Nancy. Nous nous déplaçons ensuite à Marseille et à Rennes. Tous ces matches seront très compliqués. Lorsque nous sommes dans une bonne dynamique et que nous regardons le calendrier, nous avons l’impression que nous pouvons battre tout le monde. A l’inverse, nous avons l’impression que nous pouvons perdre contre toutes les équipes.

Si vous marquez le but en 1ère mi-temps à Dijon, l’issue aurait pu être tout autre ?

C’est toujours pareil. Nous devons marquer mais à l’arrivée, nous ne gagnions rien. Il est vrai qu’il y a beaucoup de matches que nous aurions du gagner. Nous concédons la plupart du temps le nul. Avec des « si » c’est toujours plus facile. Le problème à l’heure actuelle est que nous ne sommes pas efficaces. C’est cela qu’il faut retrouver absolument.

Vous êtes habitués à des équipes qui ont du lutter pour leur survie. Sentez-vous que ce groupe est assez fort mentalement pour livrer cette bataille ?

L’avenir nous le dira. A l’heure actuelle, je ne peux pas répondre à cette question. Les dirigeants du club ainsi que le staff sont décidés à se battre. Nous avons envie de nous en sortir. Mais évidemment, sans les joueurs, nous ne pouvons rien faire. Nous verrons leur réaction samedi. Ce match va un peu orienter la suite.

Vous connaissez les ingrédients nécessaires…

Bien entendu. Peut-être que les joueurs ne les connaissent pas. Il va falloir qu’ils s’y mettent. Nous sommes dans une situation compliquée. Il faut sortir de cette zone. Sommes-nous capables de le faire ? Je ne sais pas. Le match de samedi sera une indication de ce qui se passera par la suite.

Quels sont les ingrédients ?

L’envie tout simplement. Avoir les trippes de sauver le club. Au-delà des tactiques de jeu et des discours, il faut se battre sur tous les ballons. Ce qui n’a pas été fait en 2ème mi-temps, face à Dijon. Le plus important est d’avoir une communion entre les joueurs et un bon état d’esprit.

La priorité est-elle d’avoir une défense qui n’encaisse pas de buts ?

Evidemment. Si nous ne prenons pas de buts, nous prenons déjà 1 point. Mais il faut être efficace devant et derrière. Nous ne le sommes pas.

Pensez-vous qu’au sein du club, certaines personnes restent persuadées que la descente en Ligue 2 ne peut pas arriver ?

Peut-être. Je ne peux pas répondre. Nous verrons la réaction de samedi et celle jusqu’à Noël. S’il n’y a toujours pas l’état d’esprit attendu, il faudra se poser des questions. Evidemment Bordeaux est beaucoup moins habitué à jouer le maintien. Ce n’est pas une question de club mais de joueurs et d’état d’esprit.

Vous avez un problème d’arrière droit. Etes-vous tenté de lancer Vujadin Savic ?

Non.

Comment faire pour relancer Michaël Ciani ?

Cela va être compliqué pour lui. Il était suspendu. L’équipe a gagné à Ajaccio. Contre Paris, il ne joue pas. Je le remets sur le terrain face à Dijon car Matthieu Chalmé se blesse. Et à l’arrivée, il est encore fautif sur une action de but. C’est réellement compliqué pour lui.

Quel discours lui tenez-vous ?

Nous avons déjà discuté ensemble. Entre ce qui se passe sur le terrain et le discours, il y a un décalage.

Il a été considéré comme un des meilleurs défenseurs français. Comprenez-vous sa situation ?

C’est un joueur qui doute. C’est une évidence. Lorsqu’il y a un coup de pied arrêté et que nous lui demandons d’être au marquage sur quelqu’un, beaucoup de choses se passent dans sa tête. Il va falloir qu’il fasse 3-4 bons matches d’affilée. A l’heure actuelle, j’ai du mal à le remettre dans l’équipe. Le problème est que je n’ai pas non plus énormément de solutions. Je n’ai qu’un arrière droit et il est blessé. Il faut donc que je trouve une solution côté droit. Henrique était blessé depuis 2 mois. Savic n’a pas le niveau. A gauche, je prie tous les matins pour que Benoît Trémoulinas ne se blesse pas car Florian Marange est blessé. Je suis en train de prendre à l’essai Evan Chevalier, à l’entraînement. Ce n’est pas la même chose entre faire des essais à l’entraînement et les lancer samedi dans l’arène. J’essaie de faire avec ce que j’ai sous la main.

Le retour d’Henrique est-il envisagé ?

Oui. Or, cela fait 2 mois qu’il n’a pas joué. C’est un problème. Et si Henrique est dans le onze de départ, cela veut dire Lamine Sané sur le côté droit. Nous tournons en rond.

6 COMMENTAIRES

  1. Monsieur Gillot beaucoup d’honnêteté, de réalisme, de sérenité dans vos commentaires.
    Deux matchs clés à la maison, une seule priorité : les 6 points
    Votre discours suffira t-il à les bouger et à leur faire comprendre que la situation est calamiteuse.
    Bonne chance

  2. Oui, très réaliste, c’est vrai.
    D’un autre côté, il faudrait avoir de la merde dans les yeux pour ne pas l’être.
    J’aime quand il dit que ce n’est pas Bordeaux qui est 18ème, mais les joueurs de Bordeaux. La 18ème place ne nous ressemble pas. Elle est l’image des Ciani, Ben Keskifelha, et j’en passe …
    La place de Bordeaux est dans les 5 premiers ! Ils ont donc 10 points à rattrapper.
    Action !

  3. La situation est très simple : Il n’y a pas 4 défenseurs qui tienne la route à bordeaux. Sané est pas trop mal, Planus et Trémoulinas récupèrent.

    Mais Henrique serait une solution de secours mais il est blessé. Chamlé est cramé, Ciani est nul, Savis est trop jeune, Marange est blessé.

    Triaud pensait peut-être que Plasil jouerait défenseur?

  4. c est moi ou on flippe pas mal pour ce match ce soir ?
    une equipe de caen qui nous tape la saison passée injustement chez nous , assez chambreuse mais joueuse !
    nous , on a honte de ne toujours pas avoir gagné une seule fois a la maison en plus d etre reléguable , impensable pour le fanion des girondins de bordeaux , oui , j ai bien dit les girondins de bordeaux !
    en tout cas , grosse pression , les supporters vont faire leur marche de protestation , les joueurs ne savent pas comment prendre une partie d un match a l autre , meme si on est la risée de la ligue1 , j espere que les supporters vont pousser et encourager un max , plus la peine d en rajouter , le foot de haut niveau , c est dans la tronche alors si on les chambre durant la partie , ça aidera pas !

    • par contre j espere que les supporters sauront taper sur les dirigeants , comme dit ce wenger que je n aime guere , une saison , c est 65% d un bon mercato et que je sache , on a pas recruté qualitativement là ou certains de nos joueurs ne savaient pas relever la tete durant 20 mois oui 20 mois … c est pas a l om , lyon ou paris que l on ferait gober ça ! nos dirigeants profitent du manque de pression dans ce club , planus dit que c est uniquement de la faute des joueurs , certes c est pas faux mais c est franchement pas totalement vrai non plus !
      6e de ligue1 sur des matchs de 45 min , 18e sur des matchs de 90 , ce soir il est temps que ça change , péniblement mais faut que ça change bordeal !
      ALLEZ LE BORDEAUX !!

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