Invité d’Emmanuel Bissirier et de Marius Trésor sur le plateau de GirondinsTV, Jean Louis Triaud a dressé sa deuxième partie du bilan de mi-saison. Avant de confirmer l’arrivée de Mariano, le président bordelais a prononcé une phrase que nous retiendrons tous et qui en dit long sur de prochaines recrues « Dans le football, il n’y a pas de Père Noël ».

L’usure physique est-elle un argument recevable ?

Non, cet argument n’a pas lieu d’être. Certains joueurs à Rennes n’avaient joué que 12 ou 14 matches depuis août. En face, Rennes en a fait 30 avec l’Europa League. Je n’ai pas l’impression qu’il y avait une différence. Elle n’était pas à notre avantage en tout cas. Est-ce un problème physique ? Non, c’est mental. Nous ne pouvions pas être usés après la 1ère période. Nous étions bien en place. Le problème avec une équipe étirée, c’est que les distances sont plus longues à la perte du ballon. Il faut faire plus d’efforts pour revenir ou ressortir. Quelque soit le sport collectif, il faut garder la notion de bloc. Qu’il soit bas, médian ou haut, il faut être compact. S’il est médian ou haut, c’est mieux mais le bloc, c’est la base. Même quand vous jouez bas, vous avez des solutions de relance s’il y a un bloc. Vous pouvez jouer en triangle. Quand les joueurs de côté sont alignés, ce n’est pas possible. Face à Rennes, nos attaquants ne peuvent pas jouer dos au but, c’est impossible. Cela m’ennuie. J’entends le coach répéter les choses. Pour Noël, je lui offrirai bien une télécommande afin qu’il puisse replacer les joueurs depuis le banc de touche. Ils ont tellement peu de réflexion tactique, c’est surprenant.

Selon vous, manque-t-il un leader sur le terrain, un joueur qui puisse replacer tout le monde ?

Non, un leader ne peut pas tout faire. Ce n’est pas un leader qu’il faut mais 4 ou 5 joueurs. Un joueur ne peut pas s’occuper de son jeu et de celui de ses partenaires. Ce sont des certitudes véhiculées par la presse. Il faudrait un leader par ligne et des relais. Un seul homme ne fait pas une équipe.

« Ce n’est pas un leader qu’il faut mais 4 ou 5 joueurs »

Prenons l’exemple de Barcelone. Bien sûr, il y a Messi mais à côté de lui, il y a aussi Xavi, Iniesta… Il y a d’autres joueurs. Avoir un garçon capable de faire la différence à n’importe quel moment, c’est toujours bon. Pour autant, cela ne fait pas tout s’il est seul.

Il n’y a jamais un seul leader dans une grande équipe. Plusieurs choses me surprennent. Quand je parle avec les joueurs, j’ai en face de moi des garçons intelligents. Dans le jeu, on dirait qu’ils oublient tout. Il n’y a pas de réflexion. Sont-ils inhibés ? Je pense surtout qu’ils sont tellement obnubilés par leur performance personnelle qu’ils ne sont plus disponibles pour aider les partenaires. Ils pensent à eux, dans leur petit coin. Encore une fois, le match de Rennes n’est que le reflet de la 1ère partie de saison. Ce qui est contrariant, c’est que l’équipe peut faire quelque chose quand elle est organisée. Cela m’étonne qu’elle n’en ait pas pris conscience.

Il y a quelques semaines, vous disiez pouvoir citer une dizaine d’équipes inférieures à Bordeaux. Nous avons affronté tous les adversaires. Pensez-vous que certaines équipes ont été très largement supérieures à Bordeaux ?

Dans le football, la supériorité n’est jamais aussi évidente que dans d’autres sports. Cette saison est étrange. Lors de la dernière journée, Montpellier en prend 4 à Evian (4-2). Nice va faire match nul à Lille (4-4). Lyon perd à Valenciennes (1-0). C’est incroyable ! Sur la durée, des équipes sont supérieures, c’est incontestable mais personne ne m’a vraiment impressionné. C’est compliqué. Nous devenons friables quand nous ne respectons plus les bases. Si vous affrontez un adversaire supérieur, vous n’allez pas essayé de lui donner une leçon de football. En revanche, il faut tout faire pour lui compliquer la vie. Ce n’est pas l’impression que j’ai eu face à Rennes. Tout ce dont nous avons parlé, le bloc, l’analyse de la situation en match, offrir des solutions à ses partenaires, tout cela n’est quand même pas très compliqué ! En 1ère période, nous n’avons pas de grosses occasions mais des situations avec Fahid Ben Khalfallah sur la droite. D’ailleurs, il est bousculé 2 fois. Cela aurait pu apporter quelque chose d’intéressant.

« L’équipe peut faire quelque chose quand elle est organisée »

Malgré tout, Bordeaux est 10ème. Nous avons eu quelques sueurs froides il y a un mois et demie. Il y a du mieux…

Ce n’est pas le mot que j’aurais utilisé. Disons que c’est moins mal. Mieux n’est pas un mot adapté à notre situation. Honnêtement, j’avais dit qu’il fallait tenir compte de notre situation et être réaliste, attentif. De là à redouter une relégation, je ne crois pas car nous avons les moyens de nous en sortir.

Le mercato approche. Qui va venir à Bordeaux ?

Cela va aller vite (rires). Dans le football, il n’y a pas de Père Noël, il faut se le dire. Comme tout le monde le sait, nous avons bien avancé l’arrivée d’un latéral droit brésilien, Mariano. Nous verrons quelles sont les possibilités de renfort, plutôt sur le côté droit. Ce sera plus pour préparer la saison prochaine que pour faire quelque chose cette année. Il ne faut rien écarter mais je ne vois pas cette équipe descendre. Espérer mieux que notre classement actuel est plus compliqué. Des écarts significatifs commencent à se creuser. Lorient est 1 point devant nous mais Marseille a 8 points d’avance et Rennes, 9. Cela va être compliqué.

« La situation n’est pas bonne disons que c’est moins mal »

Il faudra faire un sans-faute dans la 2ème partie de saison…

Oui Marius, mais même dans ce cas, ce sera dur. Quand on est 6ème, on peut toujours espérer qu’une des 2 équipes devant manque sa 2ème partie de saison. Il y en a 9. Même avec un bon parcours, nous aurons du mal à reprendre 9 équipes. Notre classement peut être amélioré. Espérer une place gratifiante, c’est plus compliqué.